lundi 18 juillet 2016

Les billets du coeur



La prière est la respiration du chrétien

>>   La prière est la respiration du chrétien. Image banale, mais assez juste à plus d’un titre.


Bonne nouvelle : Respirer ne m’empêche pas d’agir. C’est même nécessaire pour agir. Je suis donc à la fois homme d’action et homme de prière.  

Et plus on a un agenda chargé, plus on doit prier. Martin Luther, le Réformateur du 16 ère siècle, qui était un homme d’action autant qu’un homme de prière, disait : je prie tous les matins pendant une heure. 
Mais si ma journée est particulièrement chargée, je prie pendant deux heures.


La prière est la respiration du chrétien. Si je ne respire pas, je m’asphyxie. De même, si dans ma vie spirituelle je ne prie pas, je m’assèche, je tombe dans une routine stérile.

Pour prendre une autre image, celle du sarment et de la vigne : si je ne reçois pas la sève qui vient du cep de la vigne, je finis par m’étioler et sécher. La prière est le canal qui fait circuler la sève, qui dans cette image n’est autre que le Saint Esprit. 
Et selon l’Evangile, le sarment ne peut porter du fruit que s’il reste attaché au cep, qui est Jésus Christ. Donc pour vivre et porter du fruit, j’ai besoin de la prière. La prière, c’est ma part. J’ai aussi besoin du Saint Esprit ; c’est la part de Dieu.


L’Esprit Saint nous permet de dire : Abba, Père, viens !

>> Sœur Myriam a été prieure de la Communauté protestante des Diaconesses de Reuilly, et a écrit ceci :

 

« La prière est un infini que nul ne peut cerner. Du fond le plus reculé de l’histoire, des voix humaines supplient, acclament, mais Dieu seul connaît celui qui prie. »

Il y a là un mystère qui nous dépasse. Bien hardi celui qui pourrait donner une définition de la prière et décrire ce qui s’y passe réellement !
Il y a un mystère dans le cœur à cœur entre deux personnes qui s’aiment. A plus forte raison y a-t-il un mystère dans le cœur à cœur entre l’homme et Dieu.

Poursuivons la citation de Sœur Myriam : « Au fond de la plus pauvre vie monte un chant incessant, celui de l’Esprit Saint, consolateur et gloire de notre prière. Lorsque nous ne savons que demander pour prier comme il faut, sa voix vient à notre secours : Abba ! Père ! Viens ! »

Nous ne saurions comment prier, nous ne saurions que demander à Dieu, si l’Esprit Saint ne nous venait en aide. C’est ce même Esprit, comme dit Saint Paul, qui nous fait devenir enfant de Dieu, et nous fait crier : « Abba ! Père ! Viens ! ».

L’Esprit Saint, c’est le parent pauvre de nos catéchismes. Et pourtant, si vous prenez n’importe quelle page du Nouveau Testament, vous êtes pratiquement sûr de le voir mentionné.

S’il y a une prière qui est toujours exaucée, c’est celle qui demande d’un cœur sincère l’aide de l’Esprit Saint.  (voir Luc 11. 11-13)


L’arc en ciel de notre prière

>>  Une autre caractéristique de la prière est son extrême variété. Selon les moments de notre vie notre prière prend les couleurs les plus diverses, comme celles d’un arc en ciel. Ce sont les couleurs de nos dispositions intérieures, qui vont de l’ultra-violet à l’infra-rouge en passant par le bleu, le vert, le jaune, le rouge etc.…qui vont de la paix profonde à la désespérance, en passant par l’attente, la peur, la colère, la protestation, la honte, la supplication, l’explosion de joie, la reconnaissance, l’élan amoureux, l’acclamation, etc.

Toute cette palette de couleurs se trouve dans les Psaumes, livre de prières par excellence.
Dans le psaume 6. Par exemple, le priant est en pleine crise existentielle : « Mon âme est toute troublée (trois petits points) Et toi, Eternel, jusques à quand ? » (Trois petits points). Le psalmiste n’arrive même pas à terminer sa phrase. Il ne trouve plus les mots de la prière, qui se fait presque gémissement.

Le psaume 51 (numérotation hébraïque) est celui d’une personne qui vient de prendre conscience de son péché.
« O Dieu, aie pitié de moi dans ta bonté, selon ta grande miséricorde efface mes transgressions…. O Dieu, crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé »

Le psaume 30 se fait l’écho d’une grande joie : « je t’exalte, ô Eternel, car tu m’as relevé ! Et plus loin : tu as changé mes lamentations en danse, tu m’as ceint de joie ! » Et le psaume 103 d’une reconnaissance émerveillée de la bonté de Dieu. « Mon âme bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits ! … »

Il y a des moments dans notre vie spirituelle où nous avons soif d’apprendre, de mieux connaître les desseins de Dieu pour nous. Le psaume 25 l’exprime ainsi : « Eternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi. »

J’arrête là cette énumération. La méditation des psaumes est une excellente école de prière. Elle est commune à toutes les confessions depuis le début de l’ère chrétienne, et nous la partageons avec nos frères Juifs. Quel merveilleux trésor !


Prier c’est aussi écouter Dieu

Ecouter Dieu, cela suppose de se taire, de s’arrêter de parler.



Le Père Armel de Sagazan, ancien conseiller spirituel des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) , nous y invite avec ferveur : « Comme le Christ s’arrête, se tait et écoute son Père avant de décider de la fondation du nouveau peuple de Dieu, faisons de même pour établir notre foi et notre espérance au plus profond des entrailles de Dieu et ainsi raviver notre joyeuse ferveur baptismale. Dans le silence seul, Dieu se révèle. »


Faire silence pour écouter Dieu, c’est l’une des plus grandes difficultés de la prière.
Les Pères de l’Eglise l’avaient bien observé : comment faire taire le bavardage intérieur lorsque nous nous mettons en état de prière ?
Et si nous essayons de faire silence pour écouter Dieu, notre pensée se met à vagabonder : ce soir, il ne faut pas que j’oublie de rendre les clés à la voisine. Et que j’appelle untel avant qu’il ne soit trop tard…
Et au bout d’un certain moment, on s’aperçoit qu’on était ailleurs, alors vite vite, on se recentre sur Dieu ou Jésus Christ.

Heureusement Dieu est d’une patience infinie avec nous. Quand nous sommes aux abonnés absents, Lui est toujours là.

Dieu ne nous parle pas à voix haute et claire (sauf à de rares exceptions) mais par des soupirs inexprimables, comme dirait Saint Paul, ou dans le murmure du silence, comme l’a expérimenté le prophète Elie au Mont Horeb (I Roi 19. 12).


>>  Le pasteur Daniel Bourguet, qui a été pendant longtemps prieur de la Fraternité spirituelle des Veilleurs, reconnaît lui-même être sujet à la distraction dans sa prière.
Il ne donne pas de recettes faciles sinon de trouver pour soi un lieu et un temps dans la journée qui se prête au recueillement, selon ses capacités et son tempérament (certains sont du matin, d’autres du soir).
La méditation de la Parole de Dieu, que nous appelons aussi la « lectio divina » est aussi une bonne pratique pour se mettre à l’écoute profonde de la Parole de Dieu.


Le plus important, écrit Daniel Bourguet, est de reconnaître notre pauvreté dans le dialogue avec Dieu. Nous sommes des mendiants. Des mendiants dans l’Esprit.
C’est ainsi qu’on peut comprendre la première Béatitude : « heureux les pauvres en Esprit, car le Royaume des cieux est à eux ».
Heureux les mendiants de l’Esprit…De même que le mendiant tend la main pour recevoir un peu de pain, de même tendons-nous la main devant Dieu pour recevoir un peu de son Esprit. 

Décidément, nous ne pouvons pas nous en passer ! C’est lui qui, au cours de notre prière,  intervient quand cesse notre pensée vagabonde et qu’il nous donne de nous recentrer sur Dieu et sa Parole.


Dieu nous parle surtout à travers la Bible

Une affirmation bien protestante, mais partagée par tous les chrétiens.
Mais il y a une distinction à faire entre Bible et Parole de Dieu. Les mots de la Bible deviennent Parole vivante de Dieu grâce à l’action de l’Esprit Saint.

Il y a un trio vertueux entre notre prière, la Bible et l’Esprit Saint. Sans ce dernier, la prière se dessèche, nous l’avons vu. Et sans l’Esprit Saint, la Bible n’est que parole humaine.

Au cœur de l’action, nous avons besoin de nous arrêter pour nous placer devant Dieu dans la prière.

Dieu nous prie

Un jour Raymond Devos est entré dans une église, qui était vide.
Il se met à prier.
Tout à coup il entend une voix qui vient d’en haut : « il y a quelqu’un ? dit la voix.
« Je suis là mon Dieu, répond Devos, très étonné »
et Dieu de répondre : « voilà des années que je vais dans mon église pour prier et je n’ai jamais de réponse ! »
-       vous mon Dieu, vous priez ?
-       oui, je prie
-       mais vous priez qui ?
-       je prie l’homme, répond Dieu, et c’est jour de fête aujourd’hui, car enfin j’ai obtenu une réponse ! »


Il y a une vérité dans ce sketch de Devos : Dieu est celui qui nous cherche. Lorsque nous nous tournons vers Lui dans la prière, sachons qu’Il nous attendait déjà depuis longtemps !


Les billets du cœur

>>  L’apôtre Paul nous dit : « priez sans cesse ! ». Comment le comprendre ? Faut-il prier une fois par semaine, une fois par jour, ou sans cesse, ce qui paraît incompatible avec notre rythme de travail.

Un frère carmélite du 17ème siècle, humble frère convers occupé toute la journée à éplucher les pommes de terre et réparer les sandales, était habité par la présence continuelle de Dieu, et cela se voyait sur son visage et sa manière d’être. Il s’appelait Frère Laurent de la Résurrection. Dans ses maximes et entretiens, il explique ce qu’est l’expérience de la présence continuelle de Dieu.



Est-il possible, pour nous dirigeants, d’atteindre un état de prière permanente, ou de disposition intérieure qui nous mette continuellement en présence de Dieu ?  Faut-il être un saint comme Frère Laurent de la Résurrection ?
Je ne le crois pas, et je vous propose, en guise de première étape sur ce chemin, ce que j’appelle les billets du cœur.

Ce sont des petits mots, très brefs, que l’on remet à Dieu au fil de la journée selon les circonstances. Pas besoin de longues phrases : des mots simples suffisent.

-       au lever du jour  : mon Dieu, je te présente ma journée !


-       après la 1ère poignée de main avec un collaborateur ou un voisin  : merci, Seigneur, pour ceux que tu as placés sur mon chemin !

-       au déjeuner : Bénis ce repas, Seigneur !

-       au début du temps de prière : me voici, O Père, pour faire ta volonté

-       le soir : merci mon Dieu pour la belle journée que tu m’as donnée !

-       en cas de difficulté : Seigneur, viens à mon aide !

-       pour un instant de joie : Merci mon Dieu pour tes bienfaits !

-       avant un entretien délicat : Eclaire notre rencontre, Seigneur.

La liste n’est ni figée, ni exhaustive, à chacun de trouver ses propres mots.

Nos frères orthodoxes connaissent la prière de Jésus : « Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur », petite phrase répétée au rythme de la respiration.

Ce ne sont pas des prières élaborées et savantes. Elles sont simples. Un petit mot tout simple ne suffit-il pas pour dire son amour à l’autre ?


3 commentaires:

Marthe1948 a dit…

Que d'aides pour rejoindre notre Dieu dans la prière et dans l'action,Christian !
Des grands moments ou des petits instants pour rester vigilant et ''branché '' sur le Seigneur.
Vos textes pourraient être publiés , car ils seraient une aide pour beaucoup de ''chercheurs de Dieu ''.
Bien fraternellement.

Marthe1948 a dit…

Un petit mot pour Dieu, Un petit temps pour Dieu au rythme de notre respiration.
Qu'il est bon de retrouver Dieu, LUI toujours premier, toujours en attente de l'être humain.
Loué sois-tu Seigneur !!

Frederic Govaert a dit…

Merci Christian pour cette belle invitation à nous ouvrir, chaque jour, humblement à Celui qui nous fait vivre