lundi 25 juillet 2016

Les degrés de la foi



J’ai des amis chrétiens, des amis juifs, des amis agnostiques et même des amis athées. Discuter avec chacun est toujours intéressant, cela m’aide à comprendre la logique de celui qui ne croit pas comme moi.
Et toi, ami lecteur, te considères-tu comme chrétien ? agnostique, athée ? Je te propose une typologie nécessairement trop simpliste, en cinq degrés de la foi. Je penses que tu n’auras aucun mal à te positionner sur cette « échelle ». Ce n’est pas une échelle du mérite, ni de la vertu mais une échelle de l’intimité consciente avec le Dieu d’amour.

Les cinq degrés de la foi sont les suivants :

Degré zéro : l’athéisme. Dieu n’existe pas, et ceux qui croient que Dieu existe ont tort.

Degré un : l’agnosticisme. Dieu existe peut-être pour les autres, mais pas pour moi.

Degré deux : le théisme. Dieu existe, c’est un être transcendant, il fait partie de la nature humaine. Mais donner à ce « Dieu » des caractéristiques est déjà un anthropomorphisme, une projection de l’homme sur ce Dieu indescriptible et non interventionniste dans l’histoire des hommes.

Degré trois : le monothéisme. (Dans les religions non monothéistes, il y a sans doute des degrés spécifiques, que je ne connais pas) La première religion monothéiste est le judaïsme. Dans le judaïsme, Dieu se révèle à l’homme en lui adressant la parole, en passant une alliance avec son peuple, en lui donnant une loi et des commandements, et en faisant de son peuple « la lumière des nations ».

Dieu a fait cela par amour pour l’humanité. 
Le croyant peut dialoguer avec Dieu, comme avec une personne. La prière est une composante essentielle de la foi. Dans l’ordre chronologique, les trois religions monothéistes sont  le Judaïsme, le Christianisme, l’Islam.

Degré quatre, au sein du Christianisme (mais les degrés se déclinent autrement au sein du Judaïsme et de l’Islam.)  On peut l’appeler la « christologie basse » : Jésus Christ est un envoyé de Dieu. Dieu va plus loin qu’avec Moïse dans sa révélation aux hommes : il envoie Jésus Christ, qu’on appelle aussi le Messie.
Il est « Fils de Dieu » au sens de fils spirituel.  Sa nature est humaine. C’est une créature de Dieu comme tous les autres hommes.
Dieu a envoyé Jésus Christ par amour pour l’humanité.
Si on croit que Jésus Christ est ressuscité, qu’il est « vivant » quelque part, on peut lui adresser nos prières, comme on peut aussi les adresser à Dieu.
 
Degré cinq, au sein du Christianisme . On l’appelle généralement la « christologie haute » :  Jésus Christ est Fils de Dieu au sens de l’incarnation : Dieu s’est incarné, il s’est fait homme, pour vivre à travers son Fils la condition humaine, par amour pour l’humanité. Jésus Christ a une double nature : à la fois entièrement homme, et entièrement Dieu. (Il faut reconnaître le caractère irrationnel d’une telle affirmation, mais l’irrationnel peut avoir du « sens »). Se rapprocher de Jésus Christ et se rapprocher de Dieu revient au même. La communion avec Dieu n’est possible que par Jésus Christ, qui est  révélation de Dieu pour nous.


NB ceci est une réflexion spontanée suite à une discussion de petit déjeuner avec des amis agnostiques. Les philosophes et les théologiens trouveront cela très caricatural.  Elle a le mérite toutefois de permettre de s’interroger : où en suis-je aujourd’hui ? et aussi de mieux accepter les différences de position en matière de foi. Toutes ces positions sont respectables. (car ce qui compte en définitive, n’est-ce pas d’aimer son prochain ?)


Christian Tanon, Lasfaillades le 24 juillet 2016 

lundi 18 juillet 2016

Les billets du coeur



La prière est la respiration du chrétien

>>   La prière est la respiration du chrétien. Image banale, mais assez juste à plus d’un titre.


Bonne nouvelle : Respirer ne m’empêche pas d’agir. C’est même nécessaire pour agir. Je suis donc à la fois homme d’action et homme de prière.  

Et plus on a un agenda chargé, plus on doit prier. Martin Luther, le Réformateur du 16 ère siècle, qui était un homme d’action autant qu’un homme de prière, disait : je prie tous les matins pendant une heure. 
Mais si ma journée est particulièrement chargée, je prie pendant deux heures.


La prière est la respiration du chrétien. Si je ne respire pas, je m’asphyxie. De même, si dans ma vie spirituelle je ne prie pas, je m’assèche, je tombe dans une routine stérile.

Pour prendre une autre image, celle du sarment et de la vigne : si je ne reçois pas la sève qui vient du cep de la vigne, je finis par m’étioler et sécher. La prière est le canal qui fait circuler la sève, qui dans cette image n’est autre que le Saint Esprit. 
Et selon l’Evangile, le sarment ne peut porter du fruit que s’il reste attaché au cep, qui est Jésus Christ. Donc pour vivre et porter du fruit, j’ai besoin de la prière. La prière, c’est ma part. J’ai aussi besoin du Saint Esprit ; c’est la part de Dieu.


L’Esprit Saint nous permet de dire : Abba, Père, viens !

>> Sœur Myriam a été prieure de la Communauté protestante des Diaconesses de Reuilly, et a écrit ceci :

 

« La prière est un infini que nul ne peut cerner. Du fond le plus reculé de l’histoire, des voix humaines supplient, acclament, mais Dieu seul connaît celui qui prie. »

Il y a là un mystère qui nous dépasse. Bien hardi celui qui pourrait donner une définition de la prière et décrire ce qui s’y passe réellement !
Il y a un mystère dans le cœur à cœur entre deux personnes qui s’aiment. A plus forte raison y a-t-il un mystère dans le cœur à cœur entre l’homme et Dieu.

Poursuivons la citation de Sœur Myriam : « Au fond de la plus pauvre vie monte un chant incessant, celui de l’Esprit Saint, consolateur et gloire de notre prière. Lorsque nous ne savons que demander pour prier comme il faut, sa voix vient à notre secours : Abba ! Père ! Viens ! »

Nous ne saurions comment prier, nous ne saurions que demander à Dieu, si l’Esprit Saint ne nous venait en aide. C’est ce même Esprit, comme dit Saint Paul, qui nous fait devenir enfant de Dieu, et nous fait crier : « Abba ! Père ! Viens ! ».

L’Esprit Saint, c’est le parent pauvre de nos catéchismes. Et pourtant, si vous prenez n’importe quelle page du Nouveau Testament, vous êtes pratiquement sûr de le voir mentionné.

S’il y a une prière qui est toujours exaucée, c’est celle qui demande d’un cœur sincère l’aide de l’Esprit Saint.  (voir Luc 11. 11-13)


L’arc en ciel de notre prière

>>  Une autre caractéristique de la prière est son extrême variété. Selon les moments de notre vie notre prière prend les couleurs les plus diverses, comme celles d’un arc en ciel. Ce sont les couleurs de nos dispositions intérieures, qui vont de l’ultra-violet à l’infra-rouge en passant par le bleu, le vert, le jaune, le rouge etc.…qui vont de la paix profonde à la désespérance, en passant par l’attente, la peur, la colère, la protestation, la honte, la supplication, l’explosion de joie, la reconnaissance, l’élan amoureux, l’acclamation, etc.

Toute cette palette de couleurs se trouve dans les Psaumes, livre de prières par excellence.
Dans le psaume 6. Par exemple, le priant est en pleine crise existentielle : « Mon âme est toute troublée (trois petits points) Et toi, Eternel, jusques à quand ? » (Trois petits points). Le psalmiste n’arrive même pas à terminer sa phrase. Il ne trouve plus les mots de la prière, qui se fait presque gémissement.

Le psaume 51 (numérotation hébraïque) est celui d’une personne qui vient de prendre conscience de son péché.
« O Dieu, aie pitié de moi dans ta bonté, selon ta grande miséricorde efface mes transgressions…. O Dieu, crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé »

Le psaume 30 se fait l’écho d’une grande joie : « je t’exalte, ô Eternel, car tu m’as relevé ! Et plus loin : tu as changé mes lamentations en danse, tu m’as ceint de joie ! » Et le psaume 103 d’une reconnaissance émerveillée de la bonté de Dieu. « Mon âme bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits ! … »

Il y a des moments dans notre vie spirituelle où nous avons soif d’apprendre, de mieux connaître les desseins de Dieu pour nous. Le psaume 25 l’exprime ainsi : « Eternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi. »

J’arrête là cette énumération. La méditation des psaumes est une excellente école de prière. Elle est commune à toutes les confessions depuis le début de l’ère chrétienne, et nous la partageons avec nos frères Juifs. Quel merveilleux trésor !


Prier c’est aussi écouter Dieu

Ecouter Dieu, cela suppose de se taire, de s’arrêter de parler.



Le Père Armel de Sagazan, ancien conseiller spirituel des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) , nous y invite avec ferveur : « Comme le Christ s’arrête, se tait et écoute son Père avant de décider de la fondation du nouveau peuple de Dieu, faisons de même pour établir notre foi et notre espérance au plus profond des entrailles de Dieu et ainsi raviver notre joyeuse ferveur baptismale. Dans le silence seul, Dieu se révèle. »


Faire silence pour écouter Dieu, c’est l’une des plus grandes difficultés de la prière.
Les Pères de l’Eglise l’avaient bien observé : comment faire taire le bavardage intérieur lorsque nous nous mettons en état de prière ?
Et si nous essayons de faire silence pour écouter Dieu, notre pensée se met à vagabonder : ce soir, il ne faut pas que j’oublie de rendre les clés à la voisine. Et que j’appelle untel avant qu’il ne soit trop tard…
Et au bout d’un certain moment, on s’aperçoit qu’on était ailleurs, alors vite vite, on se recentre sur Dieu ou Jésus Christ.

Heureusement Dieu est d’une patience infinie avec nous. Quand nous sommes aux abonnés absents, Lui est toujours là.

Dieu ne nous parle pas à voix haute et claire (sauf à de rares exceptions) mais par des soupirs inexprimables, comme dirait Saint Paul, ou dans le murmure du silence, comme l’a expérimenté le prophète Elie au Mont Horeb (I Roi 19. 12).


>>  Le pasteur Daniel Bourguet, qui a été pendant longtemps prieur de la Fraternité spirituelle des Veilleurs, reconnaît lui-même être sujet à la distraction dans sa prière.
Il ne donne pas de recettes faciles sinon de trouver pour soi un lieu et un temps dans la journée qui se prête au recueillement, selon ses capacités et son tempérament (certains sont du matin, d’autres du soir).
La méditation de la Parole de Dieu, que nous appelons aussi la « lectio divina » est aussi une bonne pratique pour se mettre à l’écoute profonde de la Parole de Dieu.


Le plus important, écrit Daniel Bourguet, est de reconnaître notre pauvreté dans le dialogue avec Dieu. Nous sommes des mendiants. Des mendiants dans l’Esprit.
C’est ainsi qu’on peut comprendre la première Béatitude : « heureux les pauvres en Esprit, car le Royaume des cieux est à eux ».
Heureux les mendiants de l’Esprit…De même que le mendiant tend la main pour recevoir un peu de pain, de même tendons-nous la main devant Dieu pour recevoir un peu de son Esprit. 

Décidément, nous ne pouvons pas nous en passer ! C’est lui qui, au cours de notre prière,  intervient quand cesse notre pensée vagabonde et qu’il nous donne de nous recentrer sur Dieu et sa Parole.


Dieu nous parle surtout à travers la Bible

Une affirmation bien protestante, mais partagée par tous les chrétiens.
Mais il y a une distinction à faire entre Bible et Parole de Dieu. Les mots de la Bible deviennent Parole vivante de Dieu grâce à l’action de l’Esprit Saint.

Il y a un trio vertueux entre notre prière, la Bible et l’Esprit Saint. Sans ce dernier, la prière se dessèche, nous l’avons vu. Et sans l’Esprit Saint, la Bible n’est que parole humaine.

Au cœur de l’action, nous avons besoin de nous arrêter pour nous placer devant Dieu dans la prière.

Dieu nous prie

Un jour Raymond Devos est entré dans une église, qui était vide.
Il se met à prier.
Tout à coup il entend une voix qui vient d’en haut : « il y a quelqu’un ? dit la voix.
« Je suis là mon Dieu, répond Devos, très étonné »
et Dieu de répondre : « voilà des années que je vais dans mon église pour prier et je n’ai jamais de réponse ! »
-       vous mon Dieu, vous priez ?
-       oui, je prie
-       mais vous priez qui ?
-       je prie l’homme, répond Dieu, et c’est jour de fête aujourd’hui, car enfin j’ai obtenu une réponse ! »


Il y a une vérité dans ce sketch de Devos : Dieu est celui qui nous cherche. Lorsque nous nous tournons vers Lui dans la prière, sachons qu’Il nous attendait déjà depuis longtemps !


Les billets du cœur

>>  L’apôtre Paul nous dit : « priez sans cesse ! ». Comment le comprendre ? Faut-il prier une fois par semaine, une fois par jour, ou sans cesse, ce qui paraît incompatible avec notre rythme de travail.

Un frère carmélite du 17ème siècle, humble frère convers occupé toute la journée à éplucher les pommes de terre et réparer les sandales, était habité par la présence continuelle de Dieu, et cela se voyait sur son visage et sa manière d’être. Il s’appelait Frère Laurent de la Résurrection. Dans ses maximes et entretiens, il explique ce qu’est l’expérience de la présence continuelle de Dieu.



Est-il possible, pour nous dirigeants, d’atteindre un état de prière permanente, ou de disposition intérieure qui nous mette continuellement en présence de Dieu ?  Faut-il être un saint comme Frère Laurent de la Résurrection ?
Je ne le crois pas, et je vous propose, en guise de première étape sur ce chemin, ce que j’appelle les billets du cœur.

Ce sont des petits mots, très brefs, que l’on remet à Dieu au fil de la journée selon les circonstances. Pas besoin de longues phrases : des mots simples suffisent.

-       au lever du jour  : mon Dieu, je te présente ma journée !


-       après la 1ère poignée de main avec un collaborateur ou un voisin  : merci, Seigneur, pour ceux que tu as placés sur mon chemin !

-       au déjeuner : Bénis ce repas, Seigneur !

-       au début du temps de prière : me voici, O Père, pour faire ta volonté

-       le soir : merci mon Dieu pour la belle journée que tu m’as donnée !

-       en cas de difficulté : Seigneur, viens à mon aide !

-       pour un instant de joie : Merci mon Dieu pour tes bienfaits !

-       avant un entretien délicat : Eclaire notre rencontre, Seigneur.

La liste n’est ni figée, ni exhaustive, à chacun de trouver ses propres mots.

Nos frères orthodoxes connaissent la prière de Jésus : « Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur », petite phrase répétée au rythme de la respiration.

Ce ne sont pas des prières élaborées et savantes. Elles sont simples. Un petit mot tout simple ne suffit-il pas pour dire son amour à l’autre ?


dimanche 17 juillet 2016

Ces bienheureux qui font avancer le Royaume











Ces bienheureux qui font avancer le Royaume



Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux.
Heureux les affligés, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils hériteront la terre.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux.
Matthieu 5. 3-10


Jésus Christ se tient sur une montagne au dessus du lac. Voyant la foule s’approcher, il prononce son premier sermon. Il s’adresse aux pauvres et riches sans repères, estropiés ou mourants, assoiffés de justice et de paix, et Jésus les déclare bienheureux. Le Royaume des cieux est à eux.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que le Royaume avance grâce à eux.


Comme des mendiants ils implorent à chaque instant le pain de l’Esprit. Ils l’implorent pour eux-mêmes, car ils savent qu’ils en manquent et qu’ils ne peuvent rien faire sans Lui, mais ils l’implorent aussi pour autrui dans l’intercession, car ils connaissent la puissance du Consolateur.
Ces pauvres en Esprit n’ont pas besoin que Jésus leur dise : « si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te parle, c’est toi-même qui lui aurais demandé de l’eau vive ».  Ce don de Dieu, ils le connaissent et le redemandent sans cesse.
Aux plus humbles comme Moïse, Dieu confie les plus grandes missions, car Il sait que la gloire de leurs œuvres ne leur fait pas tourner la tête.
Merci aux pauvres en Esprit qui par leur prière de mendiants, font descendre une pluie de grâce sur tous les humains.


Les affligés, ceux qui souffrent, ceux qu’écrase la tour de Siloé, ceux-là aussi font avancer le Royaume de Dieu.
Il y a là un mystère.
S’il n’y a personne à consoler dans mon entourage, comment la compassion pourrait-elle naître en moi ? Et si Jésus, l’affligé par excellence, avait échappé à la croix, comment serai-je sauvé ?
Le mourant à l’hôpital à qui je rends visite ne mesure pas le trésor qu’il me donne, ni comment mon cœur de pierre devient cœur de chair à son chevet. Les larmes de l’enfant ne sont-elles pas des pierres dans notre jardin ?
Reconnaissance aux affligés qui font jaillir sans le savoir l’esprit de compassion dans le monde !


Quoi de moins naturel que la douceur ! Nos gênes portent encore après des milliers d’années la trace de l’instinct de survie, à l’époque très reculée où seuls les violents bénéficiaient de la sélection naturelle. Les philosophes nous apprennent la tempérance. Jésus nous apprend la douceur.
Devant elle s’efface les crocs. Vers elle converge les assoiffés d’écoute. Le non jugement et la bienveillance des doux n’attirent-ils pas la confidence ? Voilà pourquoi les doux hériteront la terre.
Les violents n’héritent de rien, sinon des biens de ce monde, qui ne sont rien. 
Et les doux portent le visage de celui qui a désamorcé une fois pour toute l’engrenage de la violence : Jésus Christ.


Comment le Royaume pourrait-il avancer sans vous qui avez faim et soif ? Comment l’apartheid aurait-elle été renversée sans la soif d’un Mandela, ni l’égalité des droits obtenue sans celle d’un Martin Luther King ? La soif est un vide qui aspire et met en marche.
La soif la plus douloureuse au monde fut aussi la plus féconde : celle de Jésus qui a crié sur la croix : « j’ai soif ! » Douloureuse car il ne voyait autour de lui ni la foi, ni la justice. Féconde car de son côté a jailli l’eau qui désaltère et le sang qui donne la vie.

Le non pardon est l’obstacle majeur du Royaume. Il bloque tous les accès, y compris l’accès au Père des miséricordes. Les non pardons sont les trophées du Malin. Chaque pardon donné est au contraire une victoire, et ouvre la voie du Royaume sur la terre. Sans vous les miséricordieux, la porte du cœur resterait verrouillée. Sans vous l’amour du plus grand nombre se refroidirait !
La miséricorde est une notion proche de la fidélité inconditionnelle, la Hessem de la première alliance. Elle est attribuée à Dieu qui n’a cessé de passer sur les écarts de fidélité de son peuple.
Avec sa nouvelle alliance Jésus a fait un pas de plus en demandant au Père de pardonner à ses bourreaux, « car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Pour chaque offense dont nous sommes les auteurs, le sachant ou ne le sachant pas, le Christ continue d’implorer le Père des miséricordes : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font. »

Comment t’apercevoir, Royaume, dans le harcèlement d’images de notre monde ? Comment discerner ta voix au carrefour de tant de voix dissonantes ?
Les aveugles et les sourds que nous sommes ont besoin de vous, les cœurs purs, pour nous dire : il est là,  Dieu et son Royaume, regardez ! Et tendez l’oreille !
O cœurs purs, cœurs droits, qui avez l’habitude de Dieu, nous avons tant besoin de vous et de vos prières !
Entre Dieu et le cœur de votre cœur ne se dresse pas d’obstacle. La lumière divine n’est pas détournée par les passions mauvaises.
C’est là votre don pour édifier la communauté des croyants et guider ceux qui cherchent.


Les artisans aiment le travail bien fait, et le produit de leur art est pour durer.  Reconnaissance à vous, artisans de la paix durable, qui ne vous contentez pas d’enterrer la hache de discorde, mais qui ouvrez les vannes de la paix surabondante que seul Jésus nous donne. Car il ne la donne pas à la manière du monde.
Aux passions que le souffle mauvais embrase, en particulier la peur et la colère, Jésus oppose la grâce et la paix qui habitent en nos cœurs.
Grâce vous soit rendue, fils et filles de Dieu, car vous nous attirez dans la grande famille de Jésus Christ où règne la paix pour toujours.

Et vous enfin, les persécutés pour la justice de Dieu, vous récapitulez tous les fruits de l’Esprit. Vous avez reçus l’humilité, la compassion, la douceur, la soif de justice, la miséricorde, la pureté de cœur, et l’art de la paix.
C’est pourquoi vous pouvez sans crainte être ceints par un autre, et aller là où vous ne voudriez pas aller.
Que l’histoire n’oublie aucun de vos noms ! Car votre témoignage fait avancer le Royaume à grands pas.

Sans vous, les bienheureux du sermon sur la montagne, serait déjà brisé le roseau abîmé, serait éteinte la mèche qui brûle encore, et serait oublié le Royaume de Dieu que vous avez reçu en plénitude.