Lire : Matthieu 22 . 1-13 La parabole du festin
Un roi donne un grand festin. Les premiers
invités refusent tous de venir au banquet, prétextant une occupation
quelconque. « Désolé, j’ai un rendez-vous d’affaire très important. »
« Merci de m’avoir invité, mais je ne peux
vraiment pas venir, je dois préparer le mariage de ma fille. »
Le roi décide alors d’inviter les gens de la rue
et de la campagne, les pauvres, les malades,
les SDF. La salle des noces est remplie et l’on sent déjà les plats
délicieux qui se préparent. Trois étoiles au guide Michelin.
Le roi se promène au milieu des convives et
tombe sur un homme qui n’avait pas revêtu les habits de noces. « Mais que
faites-vous là, jeune homme, sans habit de noces ? » L’autre ne
répond rien. Et le roi le jette dehors comme un malpropre.
Pourquoi est-il jeté dehors ?
C’est là qu’il y a un problème avec notre
histoire. N’est-il pas choquant que le roi
- vous aurez compris qu’il s’agit de Dieu dans cette parabole, le traite
de cette manière ? Faut-il comprendre que pour rentrer dans le Royaume des
Cieux, il faut mettre un uniforme comme tous les autres ?
A moins que le roi ne le soupçonne d’être un
espion ? Mais comme espion, il y a plus malin !
Ou un profiteur, comme certains qui entendent de
la musique dans une maison, entrent discrètement et se gavent des petits fours
sur le buffet ?
Non, ce n’est ni un profiteur, ni un espion, ni
quelqu’un qui refuse un uniforme pour faire l’original. Et Dieu n’est pas comme
ça, à jeter comme un malpropre son invité parce qu’il n’est pas habillé selon
l’étiquette.
Alors que signifie cette parabole ?
Il me semble que la clé de l’interprétation est
dans le vêtement.
Le vêtement dans la Bible revêt une grande importance (c’est le cas de le dire).
La profondeur du vêtement
A l’époque de Jésus, on portait une tunique et
une seule et quand il faisait frais, un
manteau. Et on n’en changeait pas. Sauf peut-être les plus riches, dont la
garde-robe était plus garnie. L’expression « changer d’opinion comme de
chemise » n’avait aucun sens en ce temps là, car on ne changeait pas de
chemise.
Dans la Bible, le vêtement c’est ce qui donne de
la dignité. Etre vu dans la nudité, c’est au contraire source de honte.
La notion de vêtement a une profondeur
insoupçonnée. Elle est davantage liée à l’être qu’à l’apparaître. Quand un père
subissait un grand malheur dans sa famille, selon l’usage, il déchirait sa
tunique du haut en bas, pour signifier l’intensité de son chagrin.
Le visage et le vêtement, reflets de l’âme
Il y a un lien entre le vêtement et le visage.
N’est-ce pas ce que l’on donne à voir à notre prochain ? Lorsque Jésus
Christ fut transfiguré sur le mont Moriya, ce n’est pas seulement son visage
qui brillait d’une grande lumière, mais aussi ses vêtements.
Le visage reflète les émotions, la joie, la
paix, ou la douleur.
Et le
vêtement, au sens spirituel, reflète la même chose : une manière d’être,
et pas seulement une manière d’apparaître. Comme quoi, malgré l’adage populaire,
l’habit fait le moine.
Revenons à cet homme qui n’avait pas d’habit de
noces. Imaginons la bousculade à l’entrée des convives. Les invités qui ont
accepté de venir n’avaient pas eu le temps, ni les moyens, d’aller s’acheter un
habit de noces. Ces habits, on les leur donnait à l’entrée.
Tous ont accepté de s’en revêtir, sauf un homme,
qui a refusé. Et c’est ce refus qui lui vaut d’être expulsé du repas de fête.
Il a refusé le vêtement d’amour de Dieu
Qu’a-t-il refusé en réalité ? Je me
demande si ce n’est pas l’amour de Dieu, offert à l’entrée, qu’il a
consciemment refusé. Pour une raison qui nous échappe. Peut-être par
orgueil : « je n’ai pas besoin de ton vêtement d’amour, je me suffis
à moi-même. »
Alors le roi se met en colère et l’expulse.
Cette parabole, comme toutes les paraboles, sont
des mises en garde, une sorte d’avertissement. Dieu nous offre son amour – la
Bible ne cesse de le dire, le summum de son offre étant en Jésus Christ, qui est
mort par amour pour ses amis.
Dieu nous offre un immense cadeau gratuit, et
certains le refusent.
En cas de refus, n’est-ce pas celui qui offre
qui est blessé ?
Un cadeau sincèrement offert, et refusé, c’est
blessant, non ?
Dieu a pris avec les hommes le risque de l’amour
blessé.
Et peut-être nous arrive-t-il, en étant
indifférent à son offre, de le blesser un peu. Evidemment, nous ne pouvons pas
le savoir, les pensées de Dieu nous sont inaccessibles.
Revêtir le Christ
Dans la lettre de Paul aux Galates, il y a une
petite phrase que j’aime beaucoup :
« vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le
Christ » (Gal. 3. 27)
Dans notre Eglise protestante, nous avons deux
sacrements : le baptême et la Sainte Cène.
Par le baptême, de façon invisible, sinon par
les yeux de la foi, nous avons revêtu le Christ. Là aussi, il y a une
profondeur insoupçonnée dans ce vêtement : c’est comme si, par le baptême
nous avions quelque chose en nous qui avait changé, et qui nous donne de ressembler
à Jésus Christ.
Le 2ème sacrement est en filigrane de
notre parabole du festin : c’est la Sainte Cène, qui préfigure notre
participation au festin du Royaume des Cieux que Dieu prépare pour nous. C’est
pourquoi quand nous disons : toute personne est invitée à la Sainte Cène,
qu’il soit catholique ou protestant, à la seule condition qu’il reconnaisse que
Jésus Christ est le Seigneur, c’est une manière de dire : toute personne
qui accepte de revêtir le Christ est
invité à la Sainte Cène.
Témoigner par la manière d’être
Depuis la création de l’Eglise Protestante Unie
de France, nous nous disons Eglise de
témoins. Il y a trois manières d’être témoin de Jésus Christ : par les
actes, par la parole, mais aussi par la manière d’être. Notre joie, par
exemple. Même si elle est toute contenue, même si elle persiste malgré les
moments difficiles de la vie, notre joie est une manière d’être qui se
communique sans avoir besoin d’être dite.
C’est ce que nous laissons voir à l’autre,
parfois sans en avoir conscience. Cela se lit sur notre visage, et la Bible
dirait : sur notre vêtement aussi.
Conclusion
Sachons que nous sommes tous invités au festin.
Puissions nous revêtir le vêtement de l’amour
que Dieu nous offre à l’entrée de son Royaume.
Puissions-nous ne pas le refuser sous prétexte
que nous nous suffisons à nous mêmes, mais l’accepter sans orgueil ni
autosuffisance.
Puissions-nous recevoir cette dignité
extraordinaire, la dignité d’être revêtu de l’habit de noces,
Et déjà savourer les mets gras et succulents de
son banquet !
Amen
1 commentaire:
Merci Christian, J'ai découvert le vrai sens de cette parabole à lecture de votre prédication.
Merci de nous aider à approfondir la lecture de la Bible.
Bien fraternellement.
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