jeudi 18 août 2016

Pourquoi n'as-tu pas le vêtement de noces ?

Lire : Matthieu 22 . 1-13  La parabole du festin


Un roi donne un grand festin. Les premiers invités refusent tous de venir au banquet, prétextant une occupation quelconque. « Désolé, j’ai un rendez-vous d’affaire très important. »
« Merci de m’avoir invité, mais je ne peux vraiment pas venir, je dois préparer le mariage de ma fille. »
Le roi décide alors d’inviter les gens de la rue et de la campagne, les pauvres, les malades,  les SDF. La salle des noces est remplie et l’on sent déjà les plats délicieux qui se préparent. Trois étoiles au guide Michelin.
Le roi se promène au milieu des convives et tombe sur un homme qui n’avait pas revêtu les habits de noces. « Mais que faites-vous là, jeune homme, sans habit de noces ? » L’autre ne répond rien. Et le roi le jette dehors comme un malpropre.

Pourquoi est-il jeté dehors ?

C’est là qu’il y a un problème avec notre histoire. N’est-il pas choquant que le roi  - vous aurez compris qu’il s’agit de Dieu dans cette parabole, le traite de cette manière ? Faut-il comprendre que pour rentrer dans le Royaume des Cieux, il faut mettre un uniforme comme tous les autres ?
A moins que le roi ne le soupçonne d’être un espion ? Mais comme espion, il y a plus malin !
Ou un profiteur, comme certains qui entendent de la musique dans une maison, entrent discrètement et se gavent des petits fours sur le buffet ?

Non, ce n’est ni un profiteur, ni un espion, ni quelqu’un qui refuse un uniforme pour faire l’original. Et Dieu n’est pas comme ça, à jeter comme un malpropre son invité parce qu’il n’est pas habillé selon l’étiquette.
Alors que signifie cette parabole ?
Il me semble que la clé de l’interprétation est dans le vêtement.
Le vêtement dans la Bible revêt une grande importance (c’est le cas de le dire).

La profondeur du vêtement

A l’époque de Jésus, on portait une tunique et une seule et  quand il faisait frais, un manteau. Et on n’en changeait pas. Sauf peut-être les plus riches, dont la garde-robe était plus garnie. L’expression « changer d’opinion comme de chemise » n’avait aucun sens en ce temps là, car on ne changeait pas de chemise.
Dans la Bible, le vêtement c’est ce qui donne de la dignité. Etre vu dans la nudité, c’est au contraire source de honte.

La notion de vêtement a une profondeur insoupçonnée. Elle est davantage liée à l’être qu’à l’apparaître. Quand un père subissait un grand malheur dans sa famille, selon l’usage, il déchirait sa tunique du haut en bas, pour signifier l’intensité de son chagrin.

Le visage et le vêtement, reflets de l’âme

Il y a un lien entre le vêtement et le visage. N’est-ce pas ce que l’on donne à voir à notre prochain ? Lorsque Jésus Christ fut transfiguré sur le mont Moriya, ce n’est pas seulement son visage qui brillait d’une grande lumière, mais aussi ses vêtements.
 
Le visage reflète les émotions, la joie, la paix, ou la douleur.
Et  le vêtement, au sens spirituel, reflète la même chose : une manière d’être, et pas seulement une manière d’apparaître. Comme quoi, malgré l’adage populaire, l’habit fait le moine.

Revenons à cet homme qui n’avait pas d’habit de noces. Imaginons la bousculade à l’entrée des convives. Les invités qui ont accepté de venir n’avaient pas eu le temps, ni les moyens, d’aller s’acheter un habit de noces. Ces habits, on les leur donnait à l’entrée.

Tous ont accepté de s’en revêtir, sauf un homme, qui a refusé. Et c’est ce refus qui lui vaut d’être expulsé du repas de fête.

Il a refusé le vêtement d’amour de Dieu

Qu’a-t-il refusé en réalité ? Je me demande si ce n’est pas l’amour de Dieu, offert à l’entrée, qu’il a consciemment refusé. Pour une raison qui nous échappe. Peut-être par orgueil : « je n’ai pas besoin de ton vêtement d’amour, je me suffis à moi-même. »
Alors le roi se met en colère et l’expulse.

Cette parabole, comme toutes les paraboles, sont des mises en garde, une sorte d’avertissement. Dieu nous offre son amour – la Bible ne cesse de le dire, le summum de son offre étant en Jésus Christ, qui est mort par amour pour ses amis.
Dieu nous offre un immense cadeau gratuit, et certains le refusent.

En cas de refus, n’est-ce pas celui qui offre qui est blessé ?
Un cadeau sincèrement offert, et refusé, c’est blessant, non ?

Dieu a pris avec les hommes le risque de l’amour blessé.

Et peut-être nous arrive-t-il, en étant indifférent à son offre, de le blesser un peu. Evidemment, nous ne pouvons pas le savoir, les pensées de Dieu nous sont inaccessibles.

Revêtir le Christ

Dans la lettre de Paul aux Galates, il y a une petite phrase que j’aime beaucoup :
« vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ » (Gal. 3. 27)

Dans notre Eglise protestante, nous avons deux sacrements : le baptême et la Sainte Cène.
Par le baptême, de façon invisible, sinon par les yeux de la foi, nous avons revêtu le Christ. Là aussi, il y a une profondeur insoupçonnée dans ce vêtement : c’est comme si, par le baptême nous avions quelque chose en nous qui avait changé, et qui nous donne de ressembler à Jésus Christ.


Le 2ème sacrement est en filigrane de notre parabole du festin : c’est la Sainte Cène, qui préfigure notre participation au festin du Royaume des Cieux que Dieu prépare pour nous. C’est pourquoi quand nous disons : toute personne est invitée à la Sainte Cène, qu’il soit catholique ou protestant, à la seule condition qu’il reconnaisse que Jésus Christ est le Seigneur, c’est une manière de dire : toute personne qui accepte de revêtir le Christ est invité à la Sainte Cène.
 
Témoigner par la manière d’être

Depuis la création de l’Eglise Protestante Unie de France, nous nous disons Eglise de témoins. Il y a trois manières d’être témoin de Jésus Christ : par les actes, par la parole, mais aussi par la manière d’être. Notre joie, par exemple. Même si elle est toute contenue, même si elle persiste malgré les moments difficiles de la vie, notre joie est une manière d’être qui se communique sans avoir besoin d’être dite.
C’est ce que nous laissons voir à l’autre, parfois sans en avoir conscience. Cela se lit sur notre visage, et la Bible dirait : sur notre vêtement aussi.

Conclusion
Sachons que nous sommes tous invités au festin.
Puissions nous revêtir le vêtement de l’amour que Dieu nous offre à l’entrée de son Royaume.
Puissions-nous ne pas le refuser sous prétexte que nous nous suffisons à nous mêmes, mais l’accepter sans orgueil ni autosuffisance.
Puissions-nous recevoir cette dignité extraordinaire, la dignité d’être revêtu de l’habit de noces,
Et déjà savourer les mets gras et succulents de son banquet !

Amen

1 commentaire:

Marthe1948 a dit…

Merci Christian, J'ai découvert le vrai sens de cette parabole à lecture de votre prédication.
Merci de nous aider à approfondir la lecture de la Bible.
Bien fraternellement.