Ces bienheureux qui font avancer le Royaume
Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est
à eux.
Heureux les affligés, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils hériteront la terre.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils
seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de
Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des
cieux est à eux.
Matthieu 5. 3-10
Jésus
Christ se tient sur une montagne au dessus du lac. Voyant la foule s’approcher,
il prononce son premier sermon. Il s’adresse aux pauvres et riches sans
repères, estropiés ou mourants, assoiffés de justice et de paix, et Jésus les
déclare bienheureux. Le Royaume des cieux est à eux.
Ce
qu’ils ne savent pas, c’est que le Royaume avance grâce à eux.
Comme
des mendiants ils implorent à chaque instant le pain de l’Esprit. Ils
l’implorent pour eux-mêmes, car ils savent qu’ils en manquent et qu’ils ne
peuvent rien faire sans Lui, mais ils l’implorent aussi pour autrui dans
l’intercession, car ils connaissent la puissance du Consolateur.
Ces
pauvres en Esprit n’ont pas besoin que Jésus leur dise : « si tu
savais le don de Dieu et qui est celui qui te parle, c’est toi-même qui lui
aurais demandé de l’eau vive ». Ce
don de Dieu, ils le connaissent et le redemandent sans cesse.
Aux
plus humbles comme Moïse, Dieu confie les plus grandes missions, car Il sait
que la gloire de leurs œuvres ne leur fait pas tourner la tête.
Merci
aux pauvres en Esprit qui par leur prière de mendiants, font descendre une
pluie de grâce sur tous les humains.
Les
affligés, ceux qui souffrent, ceux qu’écrase la tour de Siloé, ceux-là aussi
font avancer le Royaume de Dieu.
Il y
a là un mystère.
S’il
n’y a personne à consoler dans mon entourage, comment la compassion
pourrait-elle naître en moi ? Et si Jésus, l’affligé par excellence, avait
échappé à la croix, comment serai-je sauvé ?
Le
mourant à l’hôpital à qui je rends visite ne mesure pas le trésor qu’il me
donne, ni comment mon cœur de pierre devient cœur de chair à son chevet. Les
larmes de l’enfant ne sont-elles pas des pierres dans notre jardin ?
Reconnaissance
aux affligés qui font jaillir sans le savoir l’esprit de compassion dans le
monde !
Quoi
de moins naturel que la douceur ! Nos gênes portent encore après des
milliers d’années la trace de l’instinct de survie, à l’époque très reculée où
seuls les violents bénéficiaient de la sélection naturelle. Les philosophes
nous apprennent la tempérance. Jésus nous apprend la douceur.
Devant
elle s’efface les crocs. Vers elle converge les assoiffés d’écoute. Le non
jugement et la bienveillance des doux n’attirent-ils pas la confidence ? Voilà
pourquoi les doux hériteront la terre.
Les
violents n’héritent de rien, sinon des biens de ce monde, qui ne sont rien.
Et les
doux portent le visage de celui qui a désamorcé une fois pour toute l’engrenage
de la violence : Jésus Christ.
Comment
le Royaume pourrait-il avancer sans vous qui avez faim et soif ? Comment
l’apartheid aurait-elle été renversée sans la soif d’un Mandela, ni l’égalité
des droits obtenue sans celle d’un Martin Luther King ? La soif est un
vide qui aspire et met en marche.
La
soif la plus douloureuse au monde fut aussi la plus féconde : celle de
Jésus qui a crié sur la croix : « j’ai soif ! » Douloureuse
car il ne voyait autour de lui ni la foi, ni la justice. Féconde car de son
côté a jailli l’eau qui désaltère et le sang qui donne la vie.
Le
non pardon est l’obstacle majeur du Royaume. Il bloque tous les accès, y
compris l’accès au Père des miséricordes. Les non pardons sont les trophées du
Malin. Chaque pardon donné est au contraire une victoire, et ouvre la voie du
Royaume sur la terre. Sans vous les miséricordieux, la porte du cœur resterait
verrouillée. Sans vous l’amour du plus grand nombre se refroidirait !
La
miséricorde est une notion proche de la fidélité inconditionnelle, la Hessem de la première alliance. Elle est
attribuée à Dieu qui n’a cessé de passer sur les écarts de fidélité de son
peuple.
Avec
sa nouvelle alliance Jésus a fait un pas de plus en demandant au Père de
pardonner à ses bourreaux, « car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Pour chaque offense dont nous sommes les auteurs, le sachant ou ne le sachant
pas, le Christ continue d’implorer le Père des miséricordes : « Père,
pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font. »
Comment
t’apercevoir, Royaume, dans le harcèlement d’images de notre monde ? Comment
discerner ta voix au carrefour de tant de voix dissonantes ?
Les
aveugles et les sourds que nous sommes ont besoin de vous, les cœurs purs, pour
nous dire : il est là, Dieu et son
Royaume, regardez ! Et tendez l’oreille !
O
cœurs purs, cœurs droits, qui avez l’habitude de Dieu, nous avons tant besoin
de vous et de vos prières !
Entre
Dieu et le cœur de votre cœur ne se dresse pas d’obstacle. La lumière divine
n’est pas détournée par les passions mauvaises.
C’est
là votre don pour édifier la communauté des croyants et guider ceux qui
cherchent.
Les
artisans aiment le travail bien fait, et le produit de leur art est pour
durer. Reconnaissance à vous, artisans
de la paix durable, qui ne vous contentez pas d’enterrer la hache de discorde,
mais qui ouvrez les vannes de la paix surabondante que seul Jésus nous donne.
Car il ne la donne pas à la manière du monde.
Aux
passions que le souffle mauvais embrase, en particulier la peur et la colère,
Jésus oppose la grâce et la paix qui habitent en nos cœurs.
Grâce
vous soit rendue, fils et filles de Dieu, car vous nous attirez dans la grande
famille de Jésus Christ où règne la paix pour toujours.
Et
vous enfin, les persécutés pour la justice de Dieu, vous récapitulez tous les
fruits de l’Esprit. Vous avez reçus l’humilité, la compassion, la douceur, la
soif de justice, la miséricorde, la pureté de cœur, et l’art de la paix.
C’est
pourquoi vous pouvez sans crainte être ceints par un autre, et aller là où vous
ne voudriez pas aller.
Que
l’histoire n’oublie aucun de vos noms ! Car votre témoignage fait avancer
le Royaume à grands pas.
Sans
vous, les bienheureux du sermon sur la montagne, serait déjà brisé le roseau
abîmé, serait éteinte la mèche qui brûle encore, et serait oublié le Royaume de
Dieu que vous avez reçu en plénitude.
1 commentaire:
Seigneur,
Que mon coeur chante tes Béatitudes,merci de m'apprendre à choisir le chemin qui donne le vie.
Choisir le chemin qui rend bienheureux.
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